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18 novembre 2019
Dépistage du dysfonctionnement thyroïdien chez les patients asymptomatiques : ne cochez plus cette case machinalement
Nouvelle ligne directrice du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Une nouvelle ligne directrice du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs constate l’absence de bénéfice d’un dépistage systématique du dysfonctionnement thyroïdien chez les adultes sans symptômes ni facteurs de risque. S’appuyant sur les données probantes les plus récentes, la ligne directrice du Groupe d’étude publiée dans le JAMC (Journal de l’Association médicale canadienne) recommande de ne pas effectuer de dépistage systématique du dysfonctionnement thyroïdien chez les personnes adultes non enceintes.
Le dépistage systématique du dysfonctionnement thyroïdien chez les personnes sans symptômes ni facteurs de risque est souvent prescrit, bien que cette pratique varie selon les professionnels de la santé en soins primaires. Lorsque le dépistage est réalisé, une prise de sang est prescrite — en cochant la case située sur la requête — pour mesurer les taux de thyréostimuline (TSH), ce qui peut réveler une thyroïde qui n’est pas assez active (hypothyroïdie) ou trop active (hyperthyroïdie).
« Si vous êtes un clinicien prescrivant des analyses de la TSH lors de visites de santé préventives, il serait peut-être temps de revoir cette pratique car il n’y aucune donnée probante démontrant un bénéfice à la santé découlant de ce dépistage», a déclaré le docteur Richard Birtwhistle, professeur émérite en médecine familiale et en santé publique à l’Université Queen’s, et responsable du groupe de travail du GECSSP.
Cette recommandation ne s’applique pas aux patients présentant des symptômes, comme une fatigue inexpliquée ou un changement de poids, une sensibilité à la chaleur ou au froid, la perte de cheveux ou un rythme cardiaque irrégulier. Les personnes qui prennent des médicaments, comme le lithium ou l’amiodarone, ou qui ont des facteurs de risque de dysfonctionnement thyroïdien, comme des antécédents de maladie ou de chirurgie de la thyroïde, de radiothérapie de la tête et/ou du cou ou de maladie hypophysaire ou hypothalamique, ne sont pas inclus dans les recommandations de cette ligne directrice.
Pourquoi le Groupe d’étude fait-il cette recommandation?
Le Groupe d’étude a effectué une démarche rigoureuse d’examen systématique des données probantes les plus récentes. Bien qu’aucun essai sur le dépistage n’ait été identifié, vingt-deux (22) études portant sur l’efficacité du traitement de taux anormaux de TSH chez des adultes asymptomatiques ont été prises en compte. Comme le Groupe d’étude n’a pas trouvé de données probantes démontrant des bénéfices au dépistage ou au traitement, il met l’accent sur les inconvénients et préjudices potentiels que tests que le dépistage entraîne pour les patients.
Compte tenu de l’absence de bénéfice pour les patients et de la possibilité d’avoir à prendre des médicaments inutilement ainsi que des inconvénients réels comme de se rendre à des rendez-vous médicaux et de subir des prises de sang de suivi pour vérifier les taux de TSH, le Groupe d’étude recommande fortement de ne pas effectuer de dépistage de routine de la TSH chez les adultes asymptomatiques.
« Les patients qui présentent une fatigue extrême, une sensibilité accrue au froid ou à la chaleur, une perte de cheveux, des battements cardiaques irréguliers ou une variation importante du poids (perte ou gain) devraient consulter un médecin » », selon Dr Guylene Thériault, membre du Groupe d’étude, médecin de famille et médecin conseil en santé publique. « La recommandation discutée ici s’adresse aux patients qui n’ont aucun symptôme. Elle ne s’adresse pas aux personnes qui ont des symptômes comme ceux décrits ci-haut ou qui présentent des facteurs de risque comme une chirurgie ou des traitements de radiothérapie au cou. »
Implications pour la pratique clinique
- Cette recommandation peut changer la pratique des cliniciens qui effectuent régulièrement un dépistage de la fonction thyroïdienne chez les patients asymptomatiques.
- Les cliniciens doivent être conscients des symptômes, des signes et des maladies liées à un dysfonctionnement thyroïdien afin que les patients puissent être testés, en particulier les femmes ménopausées symptomatiques, compte tenu de la plus forte prévalence de l’hypothyroïdie chez cette population.
Harmonisation avec les autres lignes directrices
- Le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique et Toward Optimized Practice de l’Alberta recommandent de ne pas effectuer d’analyses de la TSH chez les patients asymptomatiques.
Le Collège des Médecins Famille du Canada, la Société canadienne d’endocrinologie et de métabolisme et l’Association des infirmières et des infirmiers praticiens du Canada ont approuvé la ligne directrice.
« Compte tenu de l’absence d’efficacité clinique et du fardeau pour les patients, y compris les frais financiers, le dépistage des patients asymptomatiques utilise des ressources qui pourraient être mieux utilisées ailleurs », a déclaré le docteur Birtwhistle.
Pour consulter la ligne directrice complète, la présentation infographique et les outils supplémentaires, consultez le www.canadiantaskforce.ca. Vous pouvez aussi écouter une baladodiffusion sur la ligne directrice.
À propos du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs est un groupe indépendant de professionnels de la santé qui sont des experts en soins de santé préventifs et de la méthodologie associée aux lignes directrices. Le Groupe d’étude a pour mandat d’élaborer et de diffuser des lignes directrices pour la pratique clinique fondées sur des données probantes pour les soins de santé primaires et préventifs.
La ligne directrice « Recommandations sur le dépistage de la dysfonction thyroïdienne chez les adultes asymptomatiques en soins de santé primaires » est publiée le 18 novembre 2019.
Coordonnées pour les médias pour les entrevues : Kim Barnhardt, media@canadiantaskforce.ca ou kim.barnhardt@cmaj.ca