Dépression—Résumé à l’intention des cliniciens

POPULATION

Les recommandations concernent le dépistage de la dépression chez les adultes (à partir de 18 ans) qui se présentent dans un établissement de soins de première ligne sans aucun symptôme manifeste de dépression. Elles ne concernent pas les personnes souffrant d’une dépression connue, ayant des antécédents de dépression ou en traitement pour une dépression.

 

FARDEAU DE LA MALADIE

Selon les données de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 20021 , 12 % de la population canadienne âgée de 15 ans ou plus a satisfait aux critères de diagnostic de dépression majeure à un moment de leur vie, et 5 % au cours des 12 derniers mois (4 % d’hommes et 6 % de femmes).

 

INTERVENTION: DÉPISTAGE DE LA DÉPRESSION

Recommandation Force de la recommandation
Chez les adultes présentant un risque moyeni de dépression, nous recommandons de ne pas procéder au dépistage systématique. Recommandation faible; données probantes de très faible qualité
Chez les adultes appartenant à des sous‐groupes de la population susceptibles de présenter un risque accruii de dépression, nous recommandons de ne pas procéder au dépistage systématique. Recommandation faible; données probantes de très faible qualité

 

JUSTIFICATION DES RECOMMANDATIONS

La décision de déconseiller le dépistage systématique repose sur l’absence de données probantes sur les avantages et les inconvénients du dépistage systématique chez les adultes asymptomatiques.

Outre le manque de données probantes, le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP) a jugé nécessaire de tenir compte des inconvénients potentiels du dépistage (p. ex. faux positif, traitement inutile, catégorisation et stigmatisation) et de la nécessité de réserver les ressources limitées à un usage approprié.

En l’absence d’un avantage démontré du dépistage et compte tenu des inconvénients potentiels, le GECSSP recommande de ne pas procéder au dépistage systématique chez les adultes asymptomatiques présentant un risque moyen ou élevé.

Les médecins qui croient que leurs patients, ou un sous‐groupe de leurs patients, accordent une grande valeur aux avantages potentiels et sont moins préoccupés des inconvénients potentiels mettraient probablement en oeuvre un programme de dépistage pour ces patients.

 

CONSIDÉRATIONS RELATIVES À LA MISE EN OEUVRE

Reconnaître les signes et les indices cliniques de la dépression

La détection de la dépression basée sur des symptômes cliniques tend à identifier les patients atteints d’une dépression plus grave, davantage susceptibles de tirer profit d’un traitement. Les médecins devraient envisager l’éventualité d’une dépression, surtout chez les personnes à risque accru, en présence de signes cliniques comme l’insomnie, le moral bas, l’anhédonie, le manque de motivation et les idées suicidaires.

Répercussions sur les ressources

Le temps consacré au dépistage par les médecins vient empiéter sur leur capacité d’offrir d’autres services reconnus comme étant bénéfiques. Par contre, le fait de concentrer ses efforts sur une prise en charge efficace à long terme des patients dont la dépression est connue peut constituer une utilisation plus efficace des ressources.

Systèmes intégrés avec assistance humaine

Les systèmes intégrés avec assistance humaine ont recours à des spécialistes non médicaux, notamment des gestionnaires de cas, du personnel de soutien et de coordination ou des travailleurs sociaux, qui jouent un rôle primordial, oeuvrant de concert avec les médecins de première ligne, les spécialistes de santé mentale et les infirmières praticiennes pour assurer la prise en charge et le suivi des patients dépressifs. Les cliniciens pratiquant dans un milieu bénéficiant de systèmes intégrés à assistance humaine seront peut‐être plus enclins à procéder au dépistage vu que le traitement est appelé à être plus efficace.

 

NOTES

i. Population à risque moyen (population générale) comprend : les personnes âgées de 18 ans ou plus, sans symptômes manifestes de dépression, qui ne sont pas considérées comme exposées à un risque accru.

ii. Les sous‐groupes de la population susceptibles de présenter un risque accru de dépression comprennent : les personnes ayant des antécédents familiaux de dépression, ayant vécu des expériences traumatiques dans l’enfance, ayant vécu des événements de la vie traumatiques récents, ayant des problèmes de santé chroniques, ayant des problèmes liés à l’abus d’alcool ou d’autres drogues, étant en période périnatale ou post‐partum et les personnes d’origine autochtone.

 

RÉFÉRENCES

  1. Public Health Agency of Canada. Mood disorders. In: The human face of mental health and mental illness in Canada 2006. Ottawa, Ontario: The Agency; 2006. pp. 57–70. Available at: http://phac-aspc.gc.ca/publicat/human-humain06/index-eng.php (accessed November 13, 2012).