Dépistage du cancer du sein : il faut désormais mettre l’accent sur le partage de la prise de décision entre les femmes et leurs professionnels de la santé

Dépistage du cancer du sein : il faut désormais mettre l’accent sur le partage de la prise de décision entre les femmes et leurs professionnels de la santé

Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs ajuste ses recommandations dans la mise à jour de ses lignes directrices.

OTTAWA (ONTARIO), le 10 decembre 2018 – La mise à jour des lignes directrices sur le dépistage du cancer du sein propose de mettre l’accent désormais sur la prise de décision partagée entre les femmes et leurs professionnels de la santé pour aider celles-ci à prendre une décision éclairée en fonction de leurs préférences. Les lignes directrices sont publiées aujourd’hui dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC), par le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (Groupe d’étude).

« Au Canada, la plupart des femmes de 50 ans et plus qui ne sont pas considérées à risque élevé sont invitées à passer une mammographie de dépistage du cancer du sein et doivent décider si elles souhaitent participer ou non », a affirmé la Dre Ainsley Moore, vice-présidente du Groupe d’étude. « Les nouvelles directives mettent désormais l’accent sur la prise de décision partagée entre les femmes et leurs professionnels de la santé afin de décider si elles doivent passer un test de dépistage ou non, et ce, en fonction de leurs valeurs et préférences. »

« L’analyse effectuée pour cette directive sur les valeurs et les préférences des femmes concernant le dépistage du cancer du sein suggère que beaucoup de femmes de 40 à 49 ans choisiraient de ne pas passer de test de dépistage si elles connaissaient les résultats associés à leur groupe d’âge », a déclaré la Dre Moore. « D’autre part, de nombreuses femmes de 50 ans et plus choisiraient de passer un test de dépistage en raison de l’équilibre plus favorable entre les avantages et les inconvénients associé à leur groupe d’âge. Certaines femmes de ce groupe d’âge pourraient aussi choisir de ne pas passer un test de dépistage selon leurs valeurs et préférences individuelles lorsqu’elles évaluent les avantages et les inconvénients du dépistage. »

Le dépistage du cancer du sein par mammographie permet de détecter plus tôt le cancer du sein et de réduire le risque de mortalité par cancer du sein; cependant, il entraîne également des effets indésirables connus, tels que des résultats faux-positifs, d’autres tests supplémentaires et une possible biopsie du sein, ainsi qu’un surdiagnostic entraînant des traitements inutiles et des complications potentielles. Les données les plus récentes analysées par le Groupe d’étude continuent de montrer un quasi-équilibre entre les avantages et les inconvénients potentiels.

« Les lignes directrices reflètent l’importance croissante de la prise de décision partagée entre les patientes et les médecins en matière de dépistage préventif, en particulier dans les situations où l’équilibre entre les avantages et les inconvénients potentiels est incertain », a déclaré la Dre Donna Reynolds, membre du Groupe d’étude. « Cela a conduit à des recommandations conditionnelles de dépistage qui insistent sur le fait que les femmes devraient être appuyées pour prendre la décision la plus compatible avec leurs priorités concernant les résultats potentiels du dépistage. Par exemple, bien que le dépistage soit recommandé chez les femmes de 50 à 74 ans, la prise de décision devrait être partagée et, grâce à ce processus, certaines femmes choisiront peut-être de ne pas passer un test de dépistage ».

Le Partenariat canadien contre le cancer appuie les recommandations du Groupe d’étude sur le dépistage du cancer du sein, particulièrement lorsqu’il s’agit de la nécessité d’entamer des discussions plus éclairées et un partage des décisions entre les femmes et leurs professionnels de la santé», a déclaré le Dr Craig Earle, Vice-président, Lutte contre le cancer au Partenariat. «Nous savons que de nombreuses femmes ont eu une expérience positive avec le dépistage précoce du cancer, mais nous savons aussi que pour certaines personnes, le dépistage a abouti à des procédures médicales inutiles et à une période stressante en attendant les résultats. Le Partenariat compte poursuivre ses travaux avec ses partenaires provinciaux et territoriaux pour surveiller le rendement des programmes de dépistage du cancer du sein. »

Les lignes directrices ont été développées par le Groupe d’étude, un regroupement indépendant d’experts en soins de première ligne et en prévention, qui a examiné les meilleures et plus récentes preuves scientifiques liées aux tests de dépistage afin de formuler les recommandations de dépistage du cancer du sein.

Recommandations

Bien que le Groupe d’étude n’ait pas modifié l’orientation de ses recommandations par rapport à ses lignes directrices de 2011, les nouvelles lignes directrices précisent que les recommandations devraient être conditionnelles selon les valeurs et préférences des femmes quant aux avantages et aux inconvénients du dépistage.

  • Le Groupe d’étude recommande de ne pas faire le dépistage chez les femmes de 40 à 49 ans; cette recommandation est conditionnelle à l’importance relative qu’une femme accorde aux avantages et inconvénients potentiels du dépistage. Dans le cas où une femme de ce groupe d’âge souhaite être examinée, elle est encouragée à discuter des options avec son professionnel de la santé.
  • Le Groupe d’étude recommande le dépistage des femmes de 50 à 74 ans par mammographie tous les deux à trois ans. La décision de passer un test de dépistage est conditionnelle à l’importance relative qu’une femme accorde aux avantages et inconvénients potentiels du dépistage. Les professionnels de la santé sont encouragés à participer à la prise de décision partagée afin d’aider les femmes à prendre une décision éclairée qui correspond à leurs priorités.

Les données probantes

Les données probantes actuelles montrent un quasi-équilibre entre les avantages et les inconvénients potentiels du dépistage du cancer du sein; cet équilibre semble être moins favorable pour les femmes de moins de 50 ans. Il peut y avoir des différences dans la manière dont les femmes de ce groupe d’âge évaluent ces inconvénients et ces avantages.

  • Le principal inconvénient du dépistage est le surdiagnostic, qui se produit lorsqu’une femme reçoit le diagnostic de « cancer du sein », alors que le cancer n’aurait pas causé de symptômes ou d’effets négatifs au cours de leur vie. Puisque les médecins ne peuvent déterminer quels cancers vont progresser et lesquels ne progresseront pas, la tendance consiste à les traiter tous. Tous les traitements contre le cancer (p. ex. chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie) entraînent des effets négatifs graves.
  • Pour les femmes de 40 à 49 ans qui ne présentent pas de risque accru de cancer du sein, des données de faible certitude semblent suggérer une diminution faible du risque de décès par cancer du sein. D’autre part, ces femmes courent un risque plus élevé d’effets indésirables potentiels, tels que des résultats faux-positifs, d’autres tests supplémentaires, y compris une biopsie, et un surdiagnostic entraînant des traitements inutiles et des complications.
  • Pour les femmes de 50 à 74 ans qui ne présentent pas de risque accru de cancer du sein, des données probantes de très faible certitude suggèrent une diminution modeste du risque de décès par cancer du sein et, bien que le risque d’inconvénients liés au dépistage soit inférieur à celui pour les femmes plus jeunes, il demeure une source d’inquiétude.

Études supplémentaires

Le Groupe d’étude a souligné que des données probantes de meilleure qualité sont nécessaires sur les effets du dépistage du cancer du sein chez les femmes de tous les âges. Des études supplémentaires sur les valeurs et les préférences des Canadiennes en matière de dépistage, fondées sur des estimations précises des avantages et des inconvénients, menées de manière transparente et facilement comparables, contribueraient à orienter les futures recommandations.

Pour obtenir le rapport complet et les détails des constats et recommandations du Groupe d’étude, ainsi que les outils d’application des connaissances pour les médecins et les patientes, visitez le www.canadiantaskforce.ca.

 

À propos du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs

Le Groupe d’étude a été mis en place pour élaborer des guides de pratique clinique qui appuient les médecins de première ligne dans la prestation des soins de santé préventifs. Le mandat du Groupe d’étude consiste à élaborer et à diffuser des guides de pratique clinique pour les soins primaires et préventifs en se fondant sur l’analyse systématique des données scientifiques.