Nouvelle ligne directrice et outil d’aide à la décision
Devrait-on miser sur le dépistage pour réduire les risques de fractures de fragilisation? Un nouvel outil interactif en ligne pour une prise de décision partagée sur les fractures de fragilisation peut aider les professionnels de la santé et les patients à visualiser le niveau de risque individuel et les bénéfices et préjudices potentiels d’un traitement préventif.
Cet outil s’inscrit dans une nouvelle ligne directrice sur le dépistage en prévention des fractures de fragilisation publiée par le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs.
Voici les recommandations de la ligne directrice :
- Un processus de dépistage débutant par une estimation du risque est de mise pour les femmes de 65 ans et plus; il doit se focaliser sur une prise de décision partagée avec les fournisseurs de soins primaires.
- Les femmes devraient être informées de leur niveau de risque et recevoir du soutien dans leur décision de passer d’autres examens ou d’entreprendre un traitement préventif.
- Le dépistage n’est pas recommandé pour les femmes de moins de 65 ans ni pour les hommes, quel que soit leur âge.
« Les fractures de fragilisation peuvent réduire de beaucoup la qualité de vie d’une personne plus âgée, souligne la Dre Guylène Thériault, présidente du groupe de travail sur les fractures de fragilisation du Groupe d’étude canadien. Pour les femmes de plus de 65 ans, des données crédibles indiquent que le dépistage et le traitement préventif sont susceptibles de diminuer le risque de ces fractures. Étonnamment, on offre pourtant le dépistage à des femmes plus jeunes et à des hommes, malgré l’absence d’avantages démontrés. »
Application
Les professionnels de la santé devraient adopter une stratégie de dépistage débutant par une estimation du risque pour les femmes de 65 ans et plus :
- Utiliser l’outil d’aide à la décision sur les fractures de fragilisation, qui se base sur la méthode canadienne d’évaluation des risques FRAX pour estimer le niveau de risque individuel.
- Aider les patients à évaluer leur niveau de risque et les bénéfices et préjudices potentiels d’un traitement.
- Initier une prise de décision partagée pour aider les patients à déterminer s’il y a lieu de prendre des médicaments sur ordonnance en fonction de leur niveau de risque personnel.
Si le patient envisage la prise de médicaments sur ordonnance :
- Demander une ostéodensitométrie.
- Réévaluer le risque de fracture en inscrivant le score T dans l’outil FRAX pour décider du traitement.
Avantages
- Économie de temps pour les professionnels de la santé et les patients.
- Réduction du risque de surdiagnostic et de surtraitement.
- Promotion de la prise de décision partagée.
« Nous espérons que l’adoption d’une approche débutant par une estimation du risque réduira le nombre d’ostéodensitométries inutiles, ce qui profitera à la fois aux patients et au système de santé. Il est insensé de demander des examens qui n’orienteront pas les décisions de traitement. »
– Dre Donna Reynolds, médecin de famille et membre du Groupe d’étude canadien
Qui est la population cible?
- Population adulte de 40 ans et plus vivant dans la communauté.
- Ne sont pas visées les personnes qui prennent déjà des médicaments sur ordonnance pour prévenir les fractures de fragilisation.
Qu’est-ce qu’une fracture de fragilisation?
- Il s’agit d’une fracture de la hanche, de la colonne vertébrale, du poignet ou autre causée par une chute qui est normalement sans gravité pour une personne dont les os sont assez solides.
- Ces fractures sont attribuables à l’affaiblissement de l’ossature; on parle alors de faible densité minérale osseuse. Les fractures peuvent entraîner des douleurs chroniques, un handicap, des hospitalisations, la nécessité de soins de longue durée en établissement et une mort prématurée.
Qu’est-ce que le public doit savoir?
- Les femmes de 65 ans et plus pourraient éviter les fractures grâce au dépistage et à la prise de médicaments préventive.
- Le dépistage n’est pas recommandé pour les femmes de moins de 65 ans ni pour les hommes, quel que soit leur âge.
- Les patients peuvent utiliser l’outil d’aide à la décision sur les fractures de fragilisation pour calculer leur niveau de risque; si celui-ci est faible, le traitement apportera peu de bienfaits.
- L’outil peut orienter la conversation patient-professionnel de la santé, car il calcule les bénéfices et préjudices potentiels de la prise de médicaments.
- Les recommandations se basent sur une revue détaillée des données les plus récentes, qui a permis d’établir :
- qu’il y a des avantages au dépistage pour les femmes de 65 ans et plus;
- qu’il n’y a pas d’avantages au dépistage pour les hommes de tout âge et les femmes de moins de 65 ans.
« Cette nouvelle information aidera sans doute les médecins de famille et leurs patients à avoir des discussions productives et à éviter les examens inutiles. Pourquoi passer un examen si votre risque est faible et que vous ne comptez pas prendre de médicaments en prévention, quel que soit le résultat? »
– Marie-France, patiente dans la cinquantaine vivant au Québec qui a déjà passé plusieurs ostéodensitométries
Les recommandations sur le dépistage en prévention primaire des fractures de fragilisation ont été publiées dans l’édition du 8 mai 2023 de la revue CMAJ.
Appui
Le Collège des médecins de famille du Canada appuie la ligne directrice.