Le Groupe d’étude maintient que les inconvénients du test APS l’emportent sur les avantages
Ottawa, le 27 octobre, 2014–Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs (GECSSP) publie aujourd’hui une ligne directrice mise à jour concernant le dépistage du cancer de la prostate par le test de l’antigène prostatique spécifique (APS). Selon l’équilibre entre les avantages potentiels et inconvénients potentiels du diagnostic et traitement précoce du cancer de la prostate, le GECSSP recommande de ne pas dépister le cancer de la prostate à l’aide du test APS. Les lignes directrices sont publiées dans le Journal de l’Association médicale canadienne (JAMC).
«Malheureusement, le test APS n’est pas un outil de dépistage efficace», énonce le Dr. Neil Bell, un membre du Groupe d’étude et le président du groupe de travail chargé de la ligne directrice. «Presque 20% des hommes âgés de 55 à 69 ans reçoivent au moins un résultat faux positif, environ 17% de ceux-ci subiront des biopsies inutiles et plus de la moitié des cancers identifiés sont des cas de surdiagnostic où le cancer n’aurait jamais causé de symptômes ou le décès de l’individu. Ces cas de faux positif et de surdiagnostic impliquent souvent des traitements inutiles qui peuvent entrainer des inconvénients tels : l’impuissance, l’incontinence et des infections, entre autres. Puisque le dépistage par APS n’engendre qu’une réduction de seulement 0.1% de la mortalité due au cancer, les inconvénients associés au dépistage l’emportent sur les avantages, chez la plupart des gens».
L’élaboration des lignes directrices repose sur l’examen systématique de la littérature disponible, d’un vaste processus de consultation et la synthèse de preuves scientifiques. L’élaboration de la recommandation sur le dépistage par APS a été menée par des membres du GECSSP, avec l’appui du personnel scientifique, le Centre d’analyse et de synthèse des données probantes (CASDP) à l’Université McMaster et plusieurs autres intervenants à l’externe. Les recommandations de la ligne directrice incluent :
- Pour les hommes de moins de 55 ans et ceux de 70 ans et plus, le GECSSP recommande fortement de ne pas dépister à l’aide du test APS. Il n’existe aucune preuve que le dépistage par test APS réduit la mortalité mais plusieurs études confirment des inconvénients du test.
- Pour les hommes âgés de 55 à 69 ans, le GECSSP recommande de ne pas dépister à l’aide du test APS. Il existe à la fois des données contradictoires concernant un petit avantage potentiel du dépistage et des preuves d’inconvénients associés. Cette recommandation met une valeur relativement faible sur la petite baisse absolue potentielle de la mortalité par cancer de la prostate, et reflète les inquiétudes quant aux résultats faussement positifs, aux biopsies inutiles, au surdiagnostic du cancer de la prostate, et les inconvénients associés aux traitements inutiles.
«Nous reconnaissons que certains hommes âgés de 55 à 69 ans pourraient attribuer une valeur plus élevée à la petite réduction de mortalité potentielle plutôt qu’au risque accru de conséquences indésirables associées au test APS », a ajouté le Dr James Dickinson, membre du GECSSP et du groupe de travail chargé de la ligne directrice. «Les médecins devraient pouvoir présenter clairement tous les risques par rapport aux avantages, de sorte que ces patients puissent prendre des décisions éclairées. Nous avons développé des outils éducationnels qui s’adressent aux patients pour faciliter le processus ».
Le cancer de la prostate
La plupart des cas de cancer de la prostate diagnostiqués ont un bon pronostic et l’estimation du taux de survie de dix ans est le plus élevé de tous les cancers touchant les hommes. Il est fort probable que l’amélioration des traitements tels la chirurgie, la radiothérapie et le traitement antiandrogénique ait contribué. Les données disponibles provenant d’essais cliniques indiquaient que le risque de mourir d’un cancer de la prostate après 13 ans était de 6 par 1000 chez les hommes qui n’ont pas été dépistés. Avec un dépistage régulier par APS, le risque de mourir d’un cancer de la prostate peut être réduit à 5 par 1000.
Les inconvénients du dépistage
En comparaison, les études révèlent des preuves d’inconvénients associés au dépistage des hommes, avec ou sans cancer de la prostate:
- 17,8% des hommes de 55 ans à 69 ans qui ont été dépistés au moins une fois ont reçu un ou plusieurs résultats faux positifs lors durant 3 cycles de dépistage
- 17,8% des hommes dépistés à l’aide du test APS (3 ng/ml) auront une biopsie inutile en raison de résultat(s) faux positif(s) qui peut être accompagnée de : la présence de sang dans l’urine ou dans le sperme, de saignements rectaux, d’infection, d’hospitalisation ou même de la mort de l’individu
- 40 à 56% de tous les hommes diagnostiqués avec un cancer représentent des cas de surdiagnostic: un cancer qui n’aurait jamais causé de symptômes ou de décès est ciblé par des traitements inutiles, puisqu’il a été identifié
Les preuves d’inconvénients associés aux traitements subséquents des cancers de la prostate identifiés par les études incluent:
- 11,4% à 21,4% des hommes traités auront des complications à court terme telles que des infections, des chirurgies supplémentaires et transfusions sanguines
- 12,7% à 44,2% des hommes souffriront de dysfonction érectile à long terme
- Jusqu’à 17,8% des hommes souffriront d’incontinence urinaire
- 0,4% à 0,5% des hommes traités mourront des complications liées aux traitements du cancer de la prostate
Pour le rapport complet et les recommandations détaillées, veuillez consulter le site Web du GECSSP.
À propos du Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs
Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs a été établi pour élaborer des guides de pratique clinique qui appuient les fournisseurs de soins de santé primaires dans la prestation de soins de santé préventifs. Le mandat du Groupe d’étude est d’élaborer et disséminer des guides de pratique clinique qui s’appuient sur l’analyse systématique de preuves scientifiques.