Le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs confirme les résultats précédents voulant que les examens annuels réguliers n’offrent pas suffisamment d’avantages pour la santé pour justifier la dépense ou l’effort qu’ils exigent.
Montréal, le 8 novembre 2017 – Dès 1978, le Groupe d’étude canadien sur l’examen médical périodique a recommandé l’abandon de l’examen physique annuel et l’adoption une stratégie de promotion de la santé adaptée à l’âge qui met l’accent sur l’identification et la prise en charge précoce de maladies potentiellement évitables. Malgré cela, les examens annuels non spécifiques continuent de faire partie des soins de santé pour de nombreux Canadiens. Maintenant, dans un article publié dans Le médecin de famille canadien, le Groupe d’étude canadien sur les soins de santé préventifs a de nouveau réclamé la fin du bilan annuel pour le remplacer par des activités de promotion de la santé adaptées à l’âge. Cette conclusion est fondée sur les preuves voulant que les patients qui subissent des bilans annuels n’obtiennent pas de meilleurs résultats de santé que ceux qui n’en subissent pas. Le groupe d’étude a exprimé sa préoccupation selon lequel, chaque année, des examens non spécifiques peuvent aussi mener au surdiagnostic et à la découverte de maladies d’importance clinique incertaine, ce qui peut causer de l’anxiété et mener à des interventions médicales inutiles.
« Un argument de longue date était que les interactions médecin-patient annuelles non spécifiques mèneraient à de meilleurs résultats de santé, mais les preuves ne soutiennent tout simplement pas cet argument », a déclaré le docteur Brett Thombs, qui dirige le groupe d’étude. Le docteur Thomb est chercheur chevronné à l’Institut Lady Davis de l’Hôpital général juif, ainsi que professeur à la Faculté de médecine de l’Université McGill. « Cependant, il y a des avantages à effectuer des visites périodiques chez les médecins de première ligne pour des activités de prévention. Les femmes autour de la cinquantaine devraient consulter leur médecin pour discuter des avantages et des inconvénients de subir une mammographie de dépistage du cancer du sein et prendre une décision à cet effet, et les hommes de plus de 65 ans devraient discuter du dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale, par exemple. »
Le docteur Thombs souligne que les Canadiens doivent être en mesure d’avoir accès facilement à leur médecin de première ligne lorsqu’ils sont malades, pour des activités de prévention adaptées à l’âge ou pour la prise en charge d’une maladie chronique. Cependant, les visites inutiles chez le médecin pour des bilans annuels rendent ceci difficile pour de nombreux Canadiens qui n’ont pas régulièrement accès à un médecin de famille, note le docteur Thombs.
« Nous savons depuis plusieurs années que le fait de subir un bilan de santé annuel a très peu d’avantages pour les personnes en santé et peut avoir certains inconvénients », a déclaré le docteur Richard Birtwhistle, professeur en médecine familiale et en sciences de santé publique à l’Université Queen et premier auteur de l’article. « Nous voulons changer la conversation pour se concentrer sur la dispensation de services préventifs par le biais de visites de santé préventives périodiques et sur ces choses qui, nous le savons, peuvent avoir des effets bénéfiques sur la santé d’une personne. »
Choisir avec soin est une campagne visant à aider les cliniciens et les patients à engager un dialogue sur les tests et les traitements inutiles, et à faire des choix intelligents et efficaces en matière de soins de santé qui tiennent compte des besoins de soins particuliers d’une personne. Choisir avec soin, le Collège des médecins de famille du Canada et l’Association des infirmières et infirmiers praticiens du Canada ont émis la recommandation suivante : « Ne faites pas d’examens physiques annuels chez les adultes asymptomatiques n’ayant aucun facteur de risque important. La docteure Kimberly Wintemute, l’un des deux dirigeants en médecine familiale de Choisir avec soin ajoute : « Voir votre médecin de famille pour un dépistage préventif et des conseils en matière de mode de vie est important, mais l’examen de tous les systèmes de l’organisme et faire une batterie de tests n’améliore pas l’état de santé général. Les soins préventifs doivent être personnalisés et doivent comporter une prise de décisions partagée entre votre médecin et vous. »
L’énoncé de position du groupe de travail, « Periodic preventive health visits: A more appropriate approach to delivering preventive services » (Les visites de santé préventive périodiques : une stratégie mieux adaptée à la dispensation de services préventifs), est publié dans le numéro de novembre de la revue Le médecin de famille canadien.