Titre de la ligne directrice
Screening for Intimate Partner Violence and Abuse of Elderly and Vulnerable Adults: U.S. Preventive Services Task Force Recommendation Statement
Concepteur de la ligne directrice
U.S. Preventive Services Task Force
Année de publication
2013
Année de l’évaluation critique
2013
Documents
Voir la publication d’origine (en anglais)
Cette ligne directrice porte sur le dépistage de la violence conjugale et l’abus des adultes âgés et vulnérables. La violence conjugale passe souvent inaperçue, mais entraîne plusieurs conséquences négatives potentielles. Les effets immédiats comprennent les blessures et la mort, alors que les conséquences à long terme en matière de santé peuvent comprendre, entre-autres, les grossesses non-désirées, l’augmentation de la douleur chronique, les troubles neurologiques, les troubles gastro-intestinaux et les migraines1.
Le U.S. Preventive Services Task Force (USPSTF) recommande aux cliniciens de dépister les femmes en âge de procréer pour la violence conjugale et d’offrir ou de référer des services d’intervention à celles qui reçoivent un résultat positif (catégorie de recommandation B)1.
L’USPSTF conclut que les preuves actuelles sont insuffisantes pour évaluer le dépistage d’abus et de négligence chez tous les adultes âgés ou vulnérables (avec dysfonctionnement physique ou mental) (Énoncé I)1.
Selon les données rapportées par la police, le risque de violence conjugale (entre conjoints et fréquentations) au Canada est plus élevé que le risque de violence familiale non-conjugale ou de violence commise par des étrangers2. En 2010, 363 femmes par 10 0000 habitants ont rapporté des incidents de violence conjugale, ce qui représente plus de 102 500 Canadiennes2.
Peu d’information existe sur la prévalence de la violence chez les adultes âgés non-institutionnalisés ou vulnérables. En 2004, 3 370 cas de violence contre des Canadiens âgés de 65 ans et plus ont été signalés à la police3. Plus d’un quart (29 %) des incidents contre les personnes âgées ont été commis par un membre de leur famille3.
Cette ligne directrice a été élaborée aux États-Unis par un groupe d’experts diversifié et s’adresse aux cliniciens.
Toutes les sections de la ligne directrice sont pertinentes au mandat du GÉCSSP de prévention en matière de soins de santé primaires.
Les populations ciblées pour ce dépistage sont des personnes qui se présentent pour des soins de santé, particulièrement les femmes adultes pour le dépistage de la violence conjugale, ainsi que les adultes âgés et vulnérables pour le dépistage de la violence et négligence.
La nomenclature des mots-clés du National Library of Medicine’s Medical Subject Headings (MeSH) a été utilisée pour la recherche d’Ovid MEDLINE et de PsycINFO (2002 au 9 janvier 2012), le Cochrane Central Register of Controlled Trials (quatrième trimestre 2011) et la Cochrane Database of Systematic Reviews (quatrième trimestre 2011) pour des études pertinentes et des examens systématiques en anglais. De plus, la liste des documents de référence cités a été vérifiée manuellement, et les citations d’études clés ont été recherchées en utilisant Scopus. Un total de 8 368 résumés scientifiques ont été identifiés; 625 articles complets ont été examinés pour leur pertinence, desquels 38 ont été inclus dans la synthèse des données probantes.
L’USPSTF attribue 1 de 5 catégories alphabétiques à chaque recommandation: A, B, C, D ou I4. Ces catégories sont basées, en grande partie, sur le niveau de certitude de l’avantage net lié à la prestation du service.
Le GÉCSSP a évalué la qualité méthodologique de la ligne directrice en utilisant les critères «Appraisal of Guidelines Research & Evaluation» («AGREE II»)5 (Tableau 1).
Domaine «AGREE II» | Score du domaine | Écart type |
---|---|---|
Champ et objectifs | 90% | 0.6 |
Participation des groupes concernés | 81% | 0.8 |
Rigueur d’élaboration | 83% | 1.0 |
Clarté et présentation | 83% | 1.3 |
Applicabilité | 60% | 1.9 |
Indépendance éditoriale | 68% | 1.9 |
Note globale | 80% | 1.1 |
Dans l’ensemble, l’objectif, les questions en matière de santé et la population cible de cette ligne directrice sont bien définis et présentés. De plus, la rigueur d’élaboration est élevée. Toutefois, le GÉCSSP estime que les données présentement disponibles ne justifient pas le dépistage systématique de la violence conjugale ou de la maltraitance des personnes âgées auprès des résidents canadiens.
Il est important de noter que la ligne directrice comprenait des données provenant d’une seule étude traitant directement des avantages du dépistage, et cette étude n’a trouvé aucun effet du dépistage sur les résultats de santé. La recommandation en faveur du dépistage est basée sur des preuves indirectes avec des limitations considérables. En outre, certaines de ces preuves indirectes semblent dépendre de la présence de programmes de suivi pour les victimes de violence conjugale, qui ne sont pas nécessairement disponibles au Canada, et/ou dépendre de la familiarité des cliniciens par rapport aux voies de recours possibles.
La mise en œuvre de cette ligne directrice serait difficile, car les critères cliniques pour identifier la violence conjugale et la maltraitance des aînés ont des limites; en outre, la définition de ce qui constitue un abus peut varier selon le contexte, et les obligations légales des prestataires diffèrent entre juridictions. Les concepteurs de la ligne directrice mentionnent ces obstacles potentiels à la mise en œuvre, mais aucune stratégie n’est offerte pour les surmonter.
Bien que la violence conjugale et la maltraitance des aînés soient des problèmes sociaux importants, les données disponibles ne justifient pas le dépistage de ces conditions au Canada. L’Organisation mondiale de la santé a récemment rapporté la même conclusion par la publication d’une ligne directrice dans Responding to Intimate Partner Violence and Sexual Violence against Women6 qui ne recommande pas le dépistage systématique. Les professionnels de la santé doivent rester attentifs aux signes cliniques de la violence conjugale ou de la maltraitance ou négligence des personnes âgées ou vulnérables et devraient approfondir leur évaluation lorsque indiqué par des critères cliniques.